Qu’est-ce que l’insuffisance respiratoire ? [1]
Essoufflement, gêne respiratoire, lèvres bleutées, confusion, somnolence… Ces symptômes peuvent traduire une insuffisance respiratoire. Cet état se caractérise par une respiration inefficace, ne parvenant pas à assurer correctement l’hématose, c’est-à-dire l’apport d’oxygène et l’élimination du dioxyde de carbone dans le sang.

L’insuffisance respiratoire peut être aiguë, à savoir causée par l’aggravation ou le déclenchement subit d’une maladie pulmonaire (il s’agit d’une urgence médicale) ou chronique. Les trois principales causes d’insuffisance respiratoire chronique (IRC) sont la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), le syndrome obésité-hypoventilation (SOH) et les maladies neuromusculaires.
Outre l’examen clinique, le diagnostic de l’IRC repose principalement sur la mesure des taux d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang, ainsi que sur l’imagerie thoracique.
Les principaux traitements de l’IRC sont la ventilation mécanique et l’oxygénothérapie, qui peuvent être délivrés à domicile et faire l’objet d’un suivi à distance.
Qu’est-ce que la BPCO ?
La BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive est une maladie respiratoire chronique. Elle est selon l’Organisation mondiale de la Santé la troisième cause de mortalité dans le monde[15] et touche presque autant de femmes que d’hommes.
La BPCO se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes (bronches) et des poumons, mettant en jeu des mécanismes inflammatoires. Elle entraîne une gêne respiratoire qui tend à s’accentuer dans le temps, une toux persistante et des expectorations muqueuses, avec des périodes d’exacerbation[16], c’est-à-dire d’aggravation aiguë des symptômes[17]. La destruction progressive des alvéoles pulmonaires conduit à l’emphysème[18].
La cause la plus fréquente de la BPCO est le tabagisme[19], dans 85% des cas[20]. Les autres facteurs de risque incluent les expositions professionnelles, la pollution ou encore des facteurs génétiques[21]. Le risque de mortalité lié à la COVID-19 est plus élevé chez les personnes atteintes de BPCO[22].


Comment la diagnostiquer et la traiter ?
La BPCO étant une maladie évoluant à bas bruit, il est essentiel de la dépister le plus tôt possible. Vous avez 40 ans ou plus, vous fumez régulièrement, votre respiration devient plus difficile, vous avez (notamment) des accès de toux avec crachats[23] ? Il ne faut pas hésiter à consulter votre médecin afin d’établir un diagnostic, réalisé par spirométrie (mesure de la quantité d’air contenue dans les poumons et expulsée)[24].
Que faire en cas de BPCO avérée ? En premier lieu, un arrêt du tabagisme sera entrepris. Les vaccinations antigrippale et antipneumococcique seront recommandées. Selon la fréquence et l’intensité des symptômes, l’équipe soignante pourra faire appel à différentes solutions thérapeutiques[25] :
- Médicaments seuls ou en association : bronchodilatateurs, corticothérapies inhalées… ;
- Réhabilitation respiratoire, associant activités physiques et kinésithérapie respiratoire[26] ;
- Oxygénothérapie et/ou de ventilation non invasive (VNI) chez les patients qui présentent une insuffisance respiratoire.
Syndrome obésité-hypoventilation (SOH) : qu’est-ce que c’est ?
Le syndrome obésité-hypoventilation (SOH) se définit par la présence conjointe d’une obésité et d’une insuffisance respiratoire chronique hypercapnique (excès de CO2 dans le sang). Il est sous-diagnostiqué et en augmentation du fait de la prévalence croissante de l’obésité et du surpoids[27] dans le monde : en 2022, 43% des adultes de 18 ans et plus étaient en surpoids et 16% obèses selon l’OMS[28].
Les symptômes du SOH sont peu spécifiques : essoufflement, somnolence diurne, maux de tête le matin… Il se retrouve très souvent associé au syndrome d’apnée du sommeil (80 à 90% des cas[29]). En l’absence de traitement, la qualité de vie se détériore, des complications peuvent apparaître (hypertension pulmonaires, affections métaboliques et vasculaires…) et la mortalité augmente. En complément de la perte de poids, le principal traitement du SOH est la ventilation non invasive (VNI), qui permet de suppléer la fonction respiratoire déficiente[30].
Maladies neuromusculaires : quel impact sur la respiration ?

De nombreuses maladies neuromusculaires peuvent atteindre les muscles respiratoires : sclérose latérale amyotrophique (SLA)*, myopathies de Duchenne et de Becker, myasthénie grave, syndrome de Guillain-Barré[31]… L’affaiblissement de muscles comme le diaphragme, les abdominaux ou les muscles intercostaux rend la respiration moins efficace, ce qui altère les apports en oxygène et l’élimination du gaz carbonique.
Les personnes concernées peuvent rencontrer des difficultés importantes pour avaler et respirer, avec un retentissement très important sur leur qualité de vie : faiblesse, grande fatigue, céphalées… Un traitement par ventilation non invasive (VNI) à domicile leur est généralement proposé lorsque se déclarent des signes d’insuffisance respiratoire nocturne[32].
* paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire (Inserm)[33]
Publications :
• Publication SRETT :
Soler J, Le XL, Nguyen DPQ, et al. (2017). P66 Exacerbation telemonitoring for copd patient under long term oxygen therapy. Step 1: breathing rate measurement validation (validation des mesures de fréquence respiratoire du dispositif T4P).Thorax 2017;72:A117
https://thorax.bmj.com/content/72/Suppl_3/A117
• Autres publications :
Blouet S, Sutter J , Fresnel E, et al. (2018). Prediction of severe acute exacerbation using changes in breathing pattern of COPD patients on home noninvasive ventilation (étude montrant la possibilité de prédire l’exacerbation des patients souffrant d’insuffisance respiratoire chronique sous VNI à domicile). Int J Chron Obstruct Pulmon Dis. 2018; 13: 2577–2586
https://www.dovepress.com/prediction-of-severe-acute-exacerbation-using-changes-in-breathing-pat-peer-reviewed-fulltext-article-COPD
Weipeng Jiang, Xiaoyan Jin, Chunling Du, et al. (2024). Internet of things-based management versus standard management of home noninvasive ventilation in COPD patients with hypercapnic chronic respiratory failure: a multicentre randomized controlled non-inferiority trial. eClinicalMedicine 2024;70: 102518 Published Online 10 March 2024 https://doi.org/10. 1016/j.eclinm.2024. 102518
https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(24)00097-X/fulltext
Pontier-Marchandise S, Texereau J, Prigent A, et al. (2022). Quality of ventilation in patients on home NIV included in a telemonitoring programme – TELVENT study. Eur Respir J 2022; 60: Suppl. 66, 974. doi: 10.1183/13993003.congress-2022.974
https://erj.ersjournals.com/content/60/suppl_66/974
Réginault T, Bouteleux B, Wibart P, et al. (2023). At-home noninvasive ventilation initiation with telemonitoring in amyotrophic lateral sclerosis patients: a retrospective study
ERJ Open Research 2023 9: 00438-2022; DOI: 10.1183/23120541.00438-2022
https://openres.ersjournals.com/content/9/1/00438-2022
RÉFÉRENCES
[1] https://erj.ersjournals.com/content/22/47_suppl/3s
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK526127/
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-pulmonaires-et-des-voies-aeriennes/insuffisance-respiratoire-et-syndrome-de-detresse-respiratoire-aigue/insuffisance-respiratoire
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/les-faits-en-bref-troubles-pulmonaires-et-des-voies-aeriennes/insuffisance-respiratoire-et-syndrome-de-detresse-respiratoire-aigue/insuffisance-respiratoire
https://cep.splf.fr/wp-content/uploads/2023/07/ITEM_208_INSUFFISANCE_RESPIRATOIRE_CHRONIQUE_2023.pdf
[15] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/chronic-obstructive-pulmonary-disease-(copd)
[16] https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/
[17] https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974843/fr/bpco-causes-frequentes-tabagisme-et-expositions-professionnelles
[18] https://splf.fr/wp-content/uploads/2014/07/BPCO2010-2.pdf
[19] https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/
[20] https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2974843/fr/bpco-causes-frequentes-tabagisme-et-expositions-professionnelles
[21] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bpco-et-insuffisance-respiratoire-chronique
[22] https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-pulmonaires/broncho-pneumopathie-chronique-obstructive-bpco-et-troubles-apparentes/broncho-pneumopathie-chronique-obstructive-bpco#epidemiologie_v914583_fr
[23] https://www.vidal.fr/actualites/30801-bpco-la-detection-precoce-est-essentielle.html
[24] https://www.ameli.fr/assure/sante/examen/exploration/deroulement-spirometrie
[25] https://www.has-sante.fr/jcms/p_3118949/fr/les-traitements-medicamenteux-de-la-bpco
https://www.inserm.fr/dossier/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco/
https://www.vidal.fr/actualites/30801-bpco-la-detection-precoce-est-essentielle.html
[26] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bpco-et-insuffisance-respiratoire-chronique
[27] https://revue-mir.srlf.org/index.php/mir/article/view/610
[28] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight
[29] https://cep.splf.fr/wp-content/uploads/2017/04/item-108_SOMMEIL-2017.pdf
[30] https://splf.fr/wp-content/uploads/2018/12/2018-DIUARD-Module2-Cours4SOH-Pontier2018-w.pdf
[31] https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-pulmonaires-et-des-voies-aeriennes/insuffisance-respiratoire-et-syndrome-de-detresse-respiratoire-aigue/insuffisance-respiratoire#Causes_v727876_fr ;
https://www.afm-telethon.fr/fr/vivre-avec-la-maladie/mon-parcours-de-soins/les-soins/le-suivi-et-les-soins-respiratoires
[32] https://www.afm-telethon.fr/sites/default/files/legacy/ventilation_non_invasive_1111.pdf
[33] https://www.inserm.fr/dossier/sclerose-laterale-amyotrophique-sla-maladie-charcot/